Qui sont les rôlistes occasionnels ?
J’imagine que presque tout le monde connaît la différence entre les casual gamers et les hardcore gamers. Les premiers, les joueurs occasionnels (même si, malgré le terme, il ne s’agit pas juste des gens qui jouent une fois de temps de temps), sont situés presque tout en bas de la hiérarchie des geeks, ne laissant la dernière place qu’à ceux considérés comme les plus vils d’entre eux, les joueurs occasionnels qui tentent de cacher leur statut, voire les pas-joueurs-du-tout : les « faux » gamers (hipsters, fake geek girls, etc.).
Pourtant, si on essaye de se concentrer principalement sur les usages, c’est-à-dire ce qui est joué concrètement, on s’aperçoit que les « vrais joueurs » ne ressemblent forcément à l’image qu’on se fait d’eux, ni ne jouent à ce à quoi on pense de prime abord. Pour illustrer cela, sans même parler de démographie, disons simplement qu’au moment d’écrire cet article (cela changera sans doute), il y a plus de personnes qui jouent à l’Euromillions toutes les semaines (env. 2 millions en 2013) que de joueurs de Dark Souls 2 dans le monde, ou qu’en 7 ans, la Playstation 3 s’est vendue à 80 millions d’exemplaires là où Candy Crush Saga annonçait 9,7 millions de joueurs par jour en moyenne en 2013.
Et je ne serai pas surpris qu’il y ait encore un plus grand nombre de joueurs de mots fléchés ou de cruciverbistes du dimanche qui refusent l’idée même de se considérer comme joueurs (d’où l’étiquette de « sport cérébral », même si elle ne trompe personne). Surtout dans la génération précédente, pour qui les jeux n’étaient souvent que l’apanage des enfants, parce que frivole, ou du troisième âge qui n’aurait finalement rien de mieux à faire.
Or, si on se penche sur le cas du jeu de rôle, on peut se demander qui sont ces joueurs occasionnels ? Cela donne vraiment l’impression que durant la période 1995-2005 (en gros, hein), le JdR est devenu un loisir plus que de niche, ou la distinction ne se faisait pas vraiment entre casual et hardcore gamers, mais davantage entre spécialistes et ultra-spécialistes. Sans doute aussi du fait de la chute vertigineuse des pratiquants, des clubs, et la constitution d’une véritable génération creuse.
Pourtant, en parallèle, on a vu arriver ces dernières années à la fois des joueurs pour qui le JdR n’est qu’un loisir parmi d’autres, sans doute parce que ce dernier est devenu bien moins ostracisant, grâce à une bien meilleure image publique, parfois une histoire familiale favorable et en tout cas une montée en force de la « culture geek » dont il est une des pierres angulaires. Mais aussi, plein de gens qui s’ils n’ont jamais fait une partie de JdR, sont particulièrement bien disposés à son égard, voire franchement curieux, et n’ont besoin de presque rien pour faire ce premier pas décisif. De ce que j’ai pu en constater, cela semble très présent notamment sur les festivals d’anime, de jeux autres que le JdR, ou geeks.
On constate également la présence de très nombreux loisirs où les participants font activement du roleplay, ou n’en sont vraiment pas éloignés, même s’ils ne connaissent pas forcément notre loisir et inversement : fan-fictions, jeu par forum, MMORPG roleplay, certaines formes très spécifiques de spectacles steampunks, etc. Or, ces populations sont sans doute des gens qui auraient beaucoup à partager avec nous si on arrivait à créer les bonnes passerelles. Et très certainement des gens dont qu’on aurait tout intérêt à arrêter de regarder de haut, de dont on serait bien cons de se moquer en se balançant des coups de coude dans les côtes, comme des nazes.
Si j’en parle aujourd’hui, c’est parce que dans le dernier numéro de Café-Rôliste, les compères Orlanth et François ont invité Claire pour parler de BJD. En gros de poupées articulées. Pour l’avoir rencontrée aux Utopiales, et lui avoir fait faire une partie de JdR (ainsi qu’à une table composée presque uniquement de BJDistes convaincues), je ne peux que vous encourager à jeter un coup d’œil à cette passion-là, qui est très probablement une autre façon de redécouvrir notre loisir préféré.
Et vous, vous connaissez d’autres groupes de rôlistes casuals, qui font du jeu de rôle sans le savoir ?
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